Bernard, mon ami, mon frère…..

Bernard, mon ami, mon frère…..

 

Je viens d’apprendre au bout du monde dans un castel moderne mais plutôt glacé le décès d’un ami survenu brutalement dans la nuit de lundi à mardi.

Il était devenu le parrain de ma dernière fille Coline il y a une douzaine d’années et restait à l’écoute de toutes ses émotions.

Je l’avais connu grâce à plusieurs autres amis, Alfred, Gilles et Pierre qui allaient dans la même faculté économique. Un jour, Gilles croisa Bernard, son ami d’enfance sur un quai de métro. On se décida à se regrouper et on a vécu nos histoires d’étudiants  ensemble….

On s’est liés rapidement d’amitié : on blaguait pas mal; les uns et les autres se marièrent, eurent des enfants; certains divorcèrent  ou vécurent différemment.

On s’écarta un temps pour remettre nos vies dans le bon chemin.

On poursuivit pendant une longue période nos relations d’amitié et vieillissant, les uns les autres, on décida de passer plus de temps lors de grands weeks-ends.

Bernard était souvent présent, blaguant sans cesse, tournant en dérision toutes les petites choses de notre vie quotidienne, (pour éviter de se « prendre le chou » disait-il).

Quand il était en pleine forme, il décapait, il fonçait …. sa dernière mission, celle pour laquelle il s’était investi à fond une dernière fois (il était sur le point de toucher sa retraite ayant atteint l’âge requis quand on lui a proposé de partir et relever un défi celui de réaliser une centrale électrique pour une mine de bauxite) l’a épuisé, le stressant ….

Lui qui cachais si bien ses angoisses a été rattrapé par un mal inconnu qui l’a emporté.

Nous sommes tous orphelins, aussi bien sa femme, que ses fils, sa famille, ses amis les plus proches, ses filleules, Nadège et ma petite Coline qui perd à l’aube de ses douze ans un parrain fantasque mais si généreux …

Je me souviens aussi de nos jeunes années, d’un voyage en Norvège avec une Dyane (il avait mis un chewin-gum pour boucher une fuite sur le moteur et avait conduit toute une nuit et une journée sans s’arrêter)

Je me souviens également de nos soirées au Ten Gallons où nous buvions des bières en lançant des flèches dans la cible tout se charriant.

Je me souviens de parties d’échecs rue Lesueur, de blagues racontées dans des troquets de Paris 17 ème arrondissement….

Je me souviens des naissances de Nicolas et de Benjamin, celui-ci étant du même âge que mon fils…

Il me tournait souvent en. dérision, me chambrait comme le font si bien les joueurs de rugby sur notre équipe de France (tellement nulle que plus personne ne croit en elle, disait-il encore dernièrement) et son devenir dans cette coupe du monde.

Je l’avais entendu le soir du début de la coupe du monde m’envoyer tous ses encouragements …je l’avais appelé après France All Blacks mais pas de réponse…il ne donnait pas souvent de réponse écrite, préférant souvent dialoguer par Skype.

Sachez que l’équipe de France est enfermée dans son hôtel……. il y a beaucoup de concentration et je suis sûr que l’équipe de France va à nouveau faire plaisir à ses supporters, qu’un exploit peut être possible face aux anglais…, qu’ils vont penser à Bernard

…car, lui, le  béarnais, les observera, sourira s’ils perdent en disant qu’il ne fallait pas aller si loin pour voir son équipe être aussi ridicule,  par contre je le verrai bien s’éclater et rire comme il savait si bien le faire.

Je suis encore bien triste ce soir mais j’aimerai tant que l’équipe de France lui, me, nous fasse plaisir en remportant ce futur match….contre nos ennemis

Comme disait Bernard, la vie doit se poursuivre ….

Mais tu es parti trop vite comme Gilles… comme lui, tu nous manques déjà …..et même encore plus tant nous étions proches....