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Publié par HAKALOULOU

N° 120 : Rouge de colère,  déprimé mais bleu à jamais ?

Depuis moins d’une semaine, je ne cesse d’écouter les avis des uns et des autres sur la fessée, la rouste, la déculottée, la branlée de notre équipe face à ce qui se fait de mieux sur la planète rugby, les All Blacks de Nouvelle-Zélande.

Les quelques millions de licenciés, des amoureux de ce sport échangent des idées, des propositions. Ce débat est vivant, nécessaire et vital pour l’avenir.

Cela ne m’empêche pas malgré tout de ressentir une grande amertume bien que je garde au fond de moi les images souriantes de ce week-end gallois où supporteurs de tout pays se sont unis pour fêter leur sport de manière réjouissante.

C’est vrai que le bilan de PSA et de son staff n’est pas bon.

Les précédents non plus ne l’étaient pas… et cela depuis l’ère du commencement du professionnalisme (époque Berbizier, le pourcentage de réussite a diminué passant en vingt ans de 70% à 44,4 %) Y a-t-il eu une évolution des engagements des différentes instances fédérales pour améliorer ces résultats? Point !

Doit-on tout remettre en question ? Certainement !

Le mal est profond pour notre rugby national qui a perdu beaucoup de son identité liée à nos traditions régionales.

Traitement de choc radical pour traiter cette hémorragie ou homéopathique pour satisfaire des intérêts économiques ? Pourquoi pas ?

Il va falloir réagir et pas uniquement en changeant de sélectionneur, de joueurs, de tactique, de fond de jeu mais en redéfinissant certains domaines comme la formation, la limitation des joueurs étrangers dans le TOP 14, l’introduction de nos jeunes pousses, les salaires, le déroulement des compétitions, le nombre de matches, ….(j'y reviendrai dans d'autres articles car j'ai décidé de me mettre en retrait des stades)

De toute manière, toutes ces modifications émises doivent être débattues de manière responsable avec tous les acteurs qui comptent pour ce sport aux valeurs indéniables.

En tout premier lieu il faut se fixer un objectif et se poser la question de savoir si on souhaite donner la priorité des moyens à notre quinze national.

Car, comme après chaque échec retentissant du XV DE FRANCE (ce ne sera pas le premier, ni le dernier), c’est la grande lessive, la boucherie, le déballage, le règlement de comptes avec une révolution à envisager mais qui va être difficile à enclencher au vu de certains intérêts en jeu .

Cette « révolution » est-elle nécessaire et souhaitable ? Doit-on tout jeter dans le rugby français ?

Certes l’absence ou l’invisibilité de stratégie de jeu, le tâtonnement dans le choix des joueurs (remises en cause suivis de retours en grâce et inversement), la définition claire d’un fond de jeu en sont les causes les plus criantes depuis quelque temps.

La communication de l’équipe d’encadrement justifiant choix et stratégies n’a pas toujours été cohérente ajoutant au désarroi même des joueurs et créant des failles sensibles (cas de Trinh-Duc, Mermoz, Médard, Vahaamanina ou Lopez par exemple). La préparation même de la coupe du Monde, censée emmener les joueurs au niveau des meilleurs, a été trop orientée vers un travail foncier physique durant l’été (peut-être pas la meilleure période pour lever de la fonte) et on a oublié la technique (travail sur la vitesse, la passe, l’évitement, …)

Un bon sélectionneur avec de bons adjoints (même si Bru et Teulet n’ont pas démérité), une bonne philosophie de jeu et un bon type de management auraient pu obtenir une meilleure note à défaut de meilleurs résultats (après tout, le résultat final brut – quart de finaliste battu par la Nouvelle-Zélande – n’a rien d’illogique et d’infâmant).

Pour ma part, je me suis souvent battu pour mon maillot et je n’ai que rarement renoncé à mieux faire. J’étais incité à donner le meilleur de moi-même aussi par mon entraîneur ou mes camarades ou mon père ancien demi d'ouverture

J’ai bizarrement ressenti une absence de révolte, une hargne, une incapacité à réagir en match de la part des joueurs qui n’avaient pas l’air d’avoir envie de mieux faire malgré les encouragements de leurs proches ou des supporteurs. Sont-ils trop payés? juste un défraiement et une indemnité conséquente lors de brillants résultats pourraient peut-être les inciter à faire mieux ... quoique le fait de porter le coq sur la poitrine me suffirait pour ma part à mon bonheur et je lui donnerai tout.

Besoin d’une révolution donc ? Peut-être, mais en douceur de préférence.

Il n’en faut pas tant que ça pour que ça aille beaucoup mieux. Certes, les calendriers peuvent être allégés, les étrangers un peu moins nombreux (limitation dans tout championnat et en particulier le TOP 14 ET LA PRO D2, la formation redéfinie. N’oublions pas que le Top 14 et la Pro D2 (et certains clubs de Fédérale 1) ont une logique et des contraintes différentes, quelquefois incompatibles avec celles de l’équipe nationale. De plus en plus professionnalisés, ils sont les vecteurs d’un enthousiasme croissant pour ce sport (forte augmentation du nombre de licenciés depuis le début du professionnalisme) et de l’attrait économique (sponsors, droits TV) et social (valeurs du rugby prônées en entreprise, image de marque régionale) aux retombées immenses pour ce sport.

Ce sont des entreprises locales ou régionales de pointe ayant un souci constant de développement économique et sportif, l’un n’allant pas sans l’autre, au travers de leur image et de leurs résultats. Les Boudjellal, Altrad ou Lorenzetti, Afflelou ou Guazzini, ne sont pas des « patrons voyous ». Ils aiment le rugby et lui ont sacrifié du temps et des moyens.

Ils défendent leur Top 14 et cherchent des appuis, Laporte l’ancien sélectionneur et secrétaire des sports ou l’équipe de Radio Monte-Carlo en étant leurs relais.

Ils pensent peut-être un peu trop rentabilité de leurs investissements. Mais attention le rugby n’est pas le football. Il véhicule des valeurs fondamentales de nos comportements telles la solidarité, le dépassement de soi, l’amitié, …

Les dirigeants des clubs doivent veiller aussi à cet aspect non négligeable.

Le Top 14 va rester sur la sellette. Il faudra revoir le nombre de matchs mais aussi la formule de celui-ci… Qui va en prendre la responsabilité ? normalement la fédération qui accorde les licenses

Et pourtant moins de clubs (TOP 12 OU 10 ) ou bien création de provinces à la manière des Néo-Zélandais ou des Irlandais ? limitation (5)par match du nombre d’étrangers pour permettre l’introduction de jeunes joueurs issus des centres de formation ? opposition systématique d’un joueur étranger à un joueur français sur tel ou tel poste ? réduction du nombre de matches pour permettre de retrouver du tonus ? pression sur la LNR dirigée par une personne qui ne voit que son intérêt et non celui de la collectivité en refusant des contrats fédéraux ? ....ne seraient-elles pas les bonnes questions à se poser pour l’avenir de notre rugby national.

Comme à chaque défaite historique, on attend tout du nouveau sélectionneur Guy Novès au palmarès remarquable et au caractère ben trempé.

Je suis persuadé qu’il va revenir à l’essentiel, aux fondamentaux, à la vitesse d’exécution, à de la technique. S’il n’obtenait pas de meilleurs résultats d’ici deux ans, je pense qu’il déciderait de lui-même de démissionner en cours de mandat. (ce que proposait d’ailleurs Ibanez dans son projet) Si M. Laporte devenait, ce que je ne souhaite pas, le nouveau président de la fédération, il ne resterait pas à la tête de la sélection, tant les deux hommes ne s'apprécient pas.

J’espère qu’il pourra améliorer un tant soit peu notre équipe de France, c’est tout le mal que je lui souhaite pour éviter la déprime qui, pourtant, pointe en moi et dans le coeur de certains supporteurs depuis samedi dernier. Elle va mettre du temps à être évacuée, surtout au vu des futures compositions des équipes du TOP 14 ce week end qui déjà augurent d'un certain statu-quo fort détestable.

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