N°195 : Nostalgie, quand tu nous tiens !

« J’aime le rugby. Je l’ai pratiqué un peu et sans aucun talent, mais je reste viscéralement accro à ce sport. Gamin, c’était avec mon père que je regardais le tournoi, maintenant c est avec mes amis les plus chers que je partage les matchs, désormais même par SMS.

Avec Novès, c était le beau rugby. C était le rugby d’une époque où les mecs se défonçaient pour l'amour du maillot. Certes cela ne donnait pas des gages de victoire à tous les coups mais c’était plaisant.

Depuis une trentaine d’années, le rugby a beaucoup changé : il est devenu une pompe à blé, un grand spectacle télé et donc, inévitablement, un enjeu financier. Il a aussi, changé ses règles, la morphologie des joueurs. Et perdu son âme…

Ce sont ces foutus rosbifs qui ont donné le « la » : devenus professionnels, ils sont, un jour, venus sur les terrains gonflés de créatine et ont imposé un rugby de tampons brutaux, avec des mecs taillés comme des culturistes.

Où sont passés les joueurs si agiles aux crochets dévastateurs, de funambules? Notre rugby bien franchouillard fait d' hommes ordinaires tentant des choses extraordinaires, des héros devenant, après leur page de gloire, ostéopathes, chefs d’entreprises, médecins, juristes…

Le rugby d’évitement, le « champagne » est devenu rugby whisky et encore, seulement du « blended » industriel.

L’époque où chaque petite ville du sud avait une équipe de Nationale et allait voir le dimanche le fils de l'ouvrier jouer avec celui du médecin, chaque père et mère les encourageant depuis des tribunes modestes,(quand il y en avait...) est révolue : Dax, Bagnères, Mont-de-Marsan, Lourdes, Narbonne, Béziers… Les engueulades entre treizistes et quinzistes… Les banquets, les chants.

Bref le temps où le rugby était une civilisation, une mixité sociale, une école de masculinité et de vie en société.

Novès, c’était pour moi un des derniers à ce niveau qui était tout cela.

Je ne rentrerai pas dans le débat technique, j’en ai ni les connaissances, ni la prétention. Mais je sais que ce Monsieur m'a fait vachement rêver avec son grand Toulouse.

Le rugby, c'était le seul sport collectif de combat.

Une équipe c'était un petit morceau de notre société où chacun, grands (4, 5, 8) et petits (9), « gros » (1 à 3), rapides, agiles (9 à 15) avait une mission différente qu’il assumait et dévouait aux autres.

C’était un sport complexe dont les règles ardues nous conduisaient à des stratégies et des tactiques très subtiles, requérant une vraie intelligence, une bonne paire de couilles, et des valeurs. Beaucoup de valeurs...

Quand tes parents t'inscrivaient dans un club, ils attendaient tous un peu de ça. Pas sûr qu'aujourd'hui ils ne reconnaissent ces objectifs éducatifs dans ce que ce sport est devenu.

Le rugby est avant tout une école de la vie, destinée à façonner un humain équilibré et accompli. »

#rugby, #rugby plaisir